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  • 🐍 Un monde sous serre : quand le COVID a suspendu nos liens, conséquences psychologiques.

    Dans une société où le lien social avait déjà tendance à s’étioler, advint la crise du Covid. Au-delà des conséquences sanitaires que chacun connaît, les conséquences psychosociales semblent être, elles aussi, bien importantes. Confinement Qu’y a-t-il derrière ce mot ? Le danger, déjà, il fait naître la peur. Se confiner pour échapper à la mort, comme au temps d’une guerre nucléaire. Je ne tente pas ici la critique de l’intérêt ou non d’une telle mesure ; je réfléchis à ses conséquences. Psychologiquement, l’impact se prépare déjà. On se confine, l’extérieur est un danger comme jamais nos jeunes générations n’en ont connu. Épargnées par les guerres, le chaos et jusqu’alors, les épidémies, elles ne connaissaient cela qu’à travers les livres d’histoire. Et voilà que la peste noire vient s’imposer à notre présent. L’autre On se confine dans nos foyers, avec pour conséquence de rendre l’extérieur hostile. Mais finalement, ce n’est pas le dehors qui l’est : ce sont bien ceux que l’on doit croiser dehors. C’était l’une des raisons qui avaient poussé nos ancêtres à repousser les pestiférés en périphérie des villes, mais pire que la peste, le Covid ne se voit pas : pas de pustules qui alertent, c’est un danger silencieux, un monstre tapi. Comme au Moyen Âge et ses âges sombres, on s’imagine un mauvais air rempli de virus. Mais à l’heure de la médecine moderne, les grands feux et fumigations ont beaucoup moins la cote, tout comme les remèdes à base de vinaigre, les saignées ou les frictions de serpents morts (animal du diable). Non, nous sommes plus armés : antibiotiques, respirateurs, vaccins. Malgré cela, la croyance populaire s’imagine survivre en nettoyant ses légumes à la Javel et en pulvérisant des huiles essentielles dans son domicile. Autrui devient un pestiféré potentiel, caché, discret. Ce qu’il touche peut alors, lui aussi, être contaminant. Il n’a plus la clochette ni les bubons du XIVe siècle — et c’est bien dommage, parce qu’on pourrait au moins l’identifier plus facilement et l’isoler, non plus en périphérie des villes, mais chez lui, avec ses proches condamnés par sa faute à porter eux aussi ce mal. Il devient responsable, en quelque sorte, de la propagation de la maladie. Il agace ; on peut le blâmer et porter sur lui la faute : « Il n’aurait pas pu faire attention ? Par sa faute, le mal progresse. » Si je tombe malade, ce sera la responsabilité d’autrui ; la sienne, pas la mienne. D’ailleurs, à l’heure où la population devient de plus en plus dépendante de son Etat, cela m’arrange plutôt bien. L’autre devient source de danger, mais aussi responsable. Et d’ailleurs, on entend dans les médias : « Restez chez vous, protégez les autres. » (Ministère de la Santé, 2020) . Ce n’est pas réellement une critique, c’est un fait — et c’était certainement une nécessité — mais quelles en sont les conséquences ? Psycho et société L’autre devient un danger, nous l’avons dit. Ce qui fait de nous des êtres humains c’est-à-dire la vie en société, les relations, devient alors source de péril pour sa propre vie. Isolement, anxiété, confrontation à sa propre finitude et à celle de ses proches : les conséquences psychologiques ne sont plus à prouver, notamment chez les jeunes (Santé publique France, étude CONFEADO) . Santé publique France a depuis souhaité suivre cette problématique, notamment par l’intermédiaire de bulletins de surveillance hebdomadaires. Ceux-ci retrouvaient une augmentation des passages aux urgences pour gestes et idées suicidaires, ainsi que pour troubles de l’humeur, chez les 11-17 ans majoritairement (Santé publique France, Santé mentale des enfnats et adolescentes : un suivi renforcé) . En 2022, la tendance retrouvait des taux similaires à l’avant-Covid concernant les troubles de l’humeur, mais pas concernant les tentatives et idées suicidaires, qui restent à des niveaux toujours très élevés (Santé publique France, EnCLASS 2022) . Ce n’est qu’un exemple — et peut-on associer ce mal-être de la jeunesse uniquement à cette période ? N’est-il pas la conséquence d’une société nouvelle, plus globalement ? Isolement Il en résulte, je crois, chez beaucoup, un désir d’isolement résiduel, combiné bien sûr à d’autres facteurs comme le repli derrière les réseaux sociaux ou la montée de la violence dans notre société ( Twenge JM, Campbell WK. Associations between screen time and lower psychological well-being among children and adolescents ) . Là où la vie sociale était partage et échange, elle est devenue repli, égocentrisme et silence. Le masque Aujourd’hui, le moindre rhume justifie le port du masque afin de ne pas contaminer autrui. Il y a encore quelques années, celui-ci était réservé aux plus fragiles, aux immunodéprimés ; aujourd’hui, il fait partie de notre quotidien et beaucoup le portent encore sans réel motif que celui de se protéger de l’autre. Masque protecteur, barrière contre les germes, il est aussi devenu une barrière sociale, protégeant chacun de l’autre — microbiologiquement, socialement et émotionnellement. Est-ce bien ou mal ? Dans notre société polarisée, il faudrait émettre un jugement sur cette situation. Là n’est pas mon but : chacun sera juge, comme il le souhaite. Quand le COVID a suspendu nos liens, conséquences psychologiques Série culture du soin - Un monde sous serre : quand le COVID a suspendu nos liens, conséquences psychologiques. Réflexion sur l’isolement, la peur de l’autre et les conséquences psychologiques laissées par la pandémie.

  • 🖌️ Replanter après l’hiver : les débuts d’un projet photographique qui renaît

    Dans le dernier article je racontais ce qu'il s'était passé lors du premier projet Artémis que nous avions réalisé en 2019, à quel point il m'avait changée et avait touché des coeurs. J'ai su dès sa fin qu'il serait dommage que cela se termine ainsi. On m'avait d'ailleurs proposé, à l'époque, de réaliser un petit audit dans un service d'imagerie médicale, car des bruits couraient selon lesquels les photos servaient de support de discussion lors de certaines annonces - "un monde s'écroule mais regardez ces femmes : leur vie continue même avec la maladie". Un trop-plein émotionnel m'avait découragée, mais j'avais gardé en tête que cela pourrait, à l'occasion de mes études de médecine, faire un beau sujet de thèse. Original, mais surtout auquel je croyais. La thèse La thèse c'est aussi le début de ce nouveau projet. Je n'avais plus l'énergie de l'étudiante révoltée par le manque d'humanité croisé dans mes études, il faut croire que l'on se ramollit vite et que nos révoltes s'essoufflent. Quelle tristesse. Je ne me voyais pas déployer la même énergie que pour Artémis , ce premier projet réalisé en duo avec mon amie Kate. Seule, sans cet élan passé, j'ai tenté de contourner un peu le circuit et de me servir d'Artémis comme point d'appui pour ce travail scientifique. Raté ! Le destin ne se laisse jamais faire et rester cloîtrée dans son confort fonctionne rarement. On m'a refusé l'idée, me décidant à remettre en place un projet, mais de quelle manière ? Plus doux Je n'avais pas envie de retomber dans ce tourbillon, que dis-je, cet aspirateur émotionnel et chronophage. Peur du résultat, peur de ne pas recruter, de ne pas intéresser, de ne pas savoir faire. La peur, la peur, encore la peur, stérile car elle nous immobilise et nous laisse léthargique. Il fallait s'en débarrasser. Que dis-je, on a toujours peur mais je crois qu'il faut savoir la laisser passer au second plan. Je me suis donc demandé ce qu'il faudrait pour le projet colle à celle que je suis aujourd'hui : plus calme, moins révoltée. Ces deux mots ont fait sens, il se fera plus lentement (Artémis avait été monté en 2 mois du recrutement aux ateliers organisés par Kate jusqu'aux séances photographiques - une vraie folie, évidemment sans budget !). Un recrutement plus discret, plus adapté, demandant moins de refus; des séances photographiques mieux réparties dans le temps et sans accumulation, car c'est elle qui nuit à la qualité des rencontres et du travail partagé. Les premiers shootings Rapidement les premières femmes à m'avoir contactée sont venues à ma rencontre. Et ce ne fut pas un exercice aisé. Parasitée par l'aura d'Artémis , je tentais de calquer sans trop savoir comment m'y prendre. J'ai compris après plusieurs rencontres qu'il était nécessaire de se réinventer. Laisser de côté l'envie de tout maîtriser, de tout réussir : échanges, technique artistique, accompagnement humain. C'est bien impossible ! Alors, au fil du temps j'ai appris à laisser ces rencontres se faire plus naturellement et plus simplement. Quel est le but de ce travail finalement ? Ces femmes. La photographie et les femmes La photographie n'est qu'un support, un tremplin, elle n'est pas une fin en soi. Je ne recnontre pas ces femmes pour "faire de belles photos", mais pour leur offrir un moment où l'art les sublime, non pas parce que mon cadrage est réussi mais parce qu'il les accompagne dans une reconstruction. Je n'ai pas de plus belle récompense que celle de recevoir leurs messages me disant que depuis leur séance elles sortent sans perruques qu'elles ne supportaient plus, sans maquillage et qu'elles se sont investies dans d'autres projets. C'est comme une main qui aurait été tendue par l'art et qu'elles auraient saisie. Quelle merveille ! Rien n'est parfait, ni moi lors des rencontres, ni le résultat final. Je n'ai aucune objectivité sur les photos réalisées, non, car la seule chose que je vois ce sont elles. Je suis parasitée par ces rencontres, ces mots échangés et mon regard sur les images réalisées ne s'en trouve que biaisé. Elles sont belles même avec un vert trop saturé, même avec une photo trop sombre, floue ou techniquement imparfaite. Elles sont merveilleuses, non pas parce qu'elles sont malades et que cela leur donnerait ce "petit truc en plus" mais parce qu'elles sont humaines, libres et qu'elles laissent la vie les embarquer dans un grand inconnu avec confiance et sérénité. Replanter après l’hiver : les débuts d’un projet photographique qui renaît Série Journal de bord - Replanter après l’hiver : les débuts d’un projet photographique qui renaît

  • 🖌️ Art-thérapie et cancers féminins : un projet photo au service des femmes I Journal de Bord °1

    Art-thérapie et cancers féminins C'est cool un blog... mais on raconte quoi ? J'imagine souvent que ce projet ne vous intéresse qu'à travers les photos produites lors des rencontres. Pourtant il est bien plus que cela. Bien plus pour moi et bien plus pour ces femmes. Peut-être que certains ne viendront que pour les images, Mais peut-être que d'autres seraient intéressés par la profondeur même du projet. Pourquoi ? Il n'est pas rare que l'on s'investisse spontanément pour des causes qui nous touchent de près; une manière d'accepter, d'avancer, de reprendre du pouvoir sur la souffrance. Me concernant, je n'ai été touchée ni de près ni de loin par le cancer, quelle drôle d'idée me direz-vous, de parler de ce qu'on ne vit pas, de ce qu'on ne maîtrise pas, de ce qu'on ne ressent pas dans sa chair. Ce n'est pas faux, je n'ai pas tellement de légitimité à parler du cancer et d'ailleurs ce n'est pas ce que je tente de faire. Ce qui m'importe c'est de parler de ces femmes touchées par le cancer, de leur ressenti à elles. Jeunes médecins, nous vivons la maladie de l'autre côté du rideau. On annonce, on accompagne par les traitements, les bilans, mais aussi par l'écoute. Nous sommes les chefs d'orchestre d'une musique à la partition interminable : parfois trop rapide, trop lente, bruyante mais parfois aussi douce. Une musique qui bouleverse le cours d'une vie. J'ai souvent été frappée par la différence des regards portés sur nos patients. Nous les considérons comme des personnes entières, à qui il arrive un évènement qui les transforme. Mais elles se sentent trop souvent perçues par leurs proches, par la société, comme de simples malades réduits à leur pathologie. Quelle injustice. Se cacher sous un perruque, sous du maquillage, sous un bonnet juste pour ne pas être démasqué et éviter les différences de traitement, voilà la condition imposée à la plupart d'entre-eux. Artémis en 2019 Céline pour le projet Artémis- 2019 C'est qu'est né le projet ARTEMIS en 2019 : faire de la prévention contre le cancer du sein mais aussi, et surtout, montrer ces femmes. Les montrer dans leur réalité, avec leur personnalité. Ne plus les cacher dans un couloir d'hôpital, sous un bonnet ou une perruque. Et quel travail ! Ce fut un projet merveilleux qui a su combler toutes nos attentes. Nous avons ainsi eu l'occasion de rencontrer une vingtaine de femmes, certaines pour être photographiées, d'autres pour passer sous ma caméra. Un témoignage en image et en paroles. Nous avons été témoins de véritables transformations. Certaines se regardaient pour la première fois depuis bien longtemps avec bienveillance, d'autres ont affirmé avoir changé leur manière de se montrer au monde, sans peur. "À bas les perruques qui grattent et les faux seins en plastique qui glissent" ai-je pu entendre. Quelle révélation ! L'art pouvait donc accompagner des patients ? L'art pouvait-il être un soin de support, lui aussi ? L'art comme soin de support ?  L'équipe du projet Artémis- 2019 Quelques temps après le projet certains centres de soins et services hospitaliers me demandaient des tirages afin de les afficher dans leurs locaux. Quelques médecins auraient même tenté de les utiliser comme support d'échange lors des annonces faites aux patientes : "oui vous êtes malades mais regardez cette femme. Elle vit, elle sourit, elle sait encore être heureuse. Tout ne s'arrête pas". Comme j'aurais aimé assister à cela... C'est à cette période que j'ai pensé qu'une thèse sur le sujet pourrait avoir du sens. Encore jeune étudiante, j'ai gardé cette idée dans un coin de mon esprit jusqu'au moment opportun. On recommence ? Comment l'art peut-il accompagner le patient dans son parcours de soin ? Et nous y revoilà ! Vaste question qui touche à l'histoire, la science, la philosophie et sa chère métaphysique. C'est absolument passionnant ! J'ai voulu cette fois-ci un projet bien plus large, destiné à toutes les femmes en cours de traitement pour n'importe quel cancer. Je recrute assez discrètement et à un petit rythme car l'investissement physique et psychologique qu'il nécessite est immense ! Il s'agit d'être artiste, médecin tout en gardant une oreille attentive. Une "multi-casquette" pas toujours évidente à porter mais absolument passionnante ! Les objectifs sont toujours les mêmes : faire de l'art un soin, changer le regard sur la femme malade encourager le dépistage pour les cancers concernés. Le recrutement Il se poursuit, les critères sont simples : être une femme en cours de traitement d'un cancer être disponible dans le nord de la France C'est à peu près tout. Le destin fait le reste. Les motivations de chacune varient : certaines viennent pour se réconcilier avec leur corps et leur image, d'autres pour rappeler au monde qu'elles restent femmes avant tout, d'autres encore pour sensibiliser. Ces rencontres sont toutes merveilleuses, elles m’accompagnent et façonnent ce projet jour après jour. Il n’est pas achevé, il se construit encore, au rythme des histoires qui s’y déposent. J’espère que ce blog saura en témoigner avec justesse. Florine .

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