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🐍 Un monde sous serre : quand le COVID a suspendu nos liens, conséquences psychologiques.

  • Florine
  • 10 oct.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 oct.


Dans une société où le lien social avait déjà tendance à s’étioler, advint la crise du Covid. Au-delà des conséquences sanitaires que chacun connaît, les conséquences psychosociales semblent être, elles aussi, bien importantes.


Confinement

Qu’y a-t-il derrière ce mot ? Le danger, déjà, il fait naître la peur. Se confiner pour échapper à la mort, comme au temps d’une guerre nucléaire. Je ne tente pas ici la critique de l’intérêt ou non d’une telle mesure ; je réfléchis à ses conséquences. Psychologiquement, l’impact se prépare déjà. On se confine, l’extérieur est un danger comme jamais nos jeunes générations n’en ont connu. Épargnées par les guerres, le chaos et jusqu’alors, les épidémies, elles ne connaissaient cela qu’à travers les livres d’histoire. Et voilà que la peste noire vient s’imposer à notre présent.


L’autre

On se confine dans nos foyers, avec pour conséquence de rendre l’extérieur hostile. Mais finalement, ce n’est pas le dehors qui l’est : ce sont bien ceux que l’on doit croiser dehors. C’était l’une des raisons qui avaient poussé nos ancêtres à repousser les pestiférés en périphérie des villes, mais pire que la peste, le Covid ne se voit pas : pas de pustules qui alertent, c’est un danger silencieux, un monstre tapi.


Comme au Moyen Âge et ses âges sombres, on s’imagine un mauvais air rempli de virus. Mais à l’heure de la médecine moderne, les grands feux et fumigations ont beaucoup moins la cote, tout comme les remèdes à base de vinaigre, les saignées ou les frictions de serpents morts (animal du diable).


Non, nous sommes plus armés : antibiotiques, respirateurs, vaccins. Malgré cela, la croyance populaire s’imagine survivre en nettoyant ses légumes à la Javel et en pulvérisant des huiles essentielles dans son domicile. Autrui devient un pestiféré potentiel, caché, discret. Ce qu’il touche peut alors, lui aussi, être contaminant. Il n’a plus la clochette ni les bubons du XIVe siècle — et c’est bien dommage, parce qu’on pourrait au moins l’identifier plus facilement et l’isoler, non plus en périphérie des villes, mais chez lui, avec ses proches condamnés par sa faute à porter eux aussi ce mal.


Il devient responsable, en quelque sorte, de la propagation de la maladie. Il agace ; on peut le blâmer et porter sur lui la faute : « Il n’aurait pas pu faire attention ? Par sa faute, le mal progresse. » Si je tombe malade, ce sera la responsabilité d’autrui ; la sienne, pas la mienne. D’ailleurs, à l’heure où la population devient de plus en plus dépendante de son Etat, cela m’arrange plutôt bien. L’autre devient source de danger, mais aussi responsable. Et d’ailleurs, on entend dans les médias : « Restez chez vous, protégez les autres. » (Ministère de la Santé, 2020).

Ce n’est pas réellement une critique, c’est un fait — et c’était certainement une nécessité — mais quelles en sont les conséquences ?


Psycho et société

L’autre devient un danger, nous l’avons dit.

Ce qui fait de nous des êtres humains c’est-à-dire la vie en société, les relations, devient alors source de péril pour sa propre vie. Isolement, anxiété, confrontation à sa propre finitude et à celle de ses proches : les conséquences psychologiques ne sont plus à prouver, notamment chez les jeunes (Santé publique France, étude CONFEADO).


Santé publique France a depuis souhaité suivre cette problématique, notamment par l’intermédiaire de bulletins de surveillance hebdomadaires. Ceux-ci retrouvaient une augmentation des passages aux urgences pour gestes et idées suicidaires, ainsi que pour troubles de l’humeur, chez les 11-17 ans majoritairement (Santé publique France, Santé mentale des enfnats et adolescentes : un suivi renforcé). En 2022, la tendance retrouvait des taux similaires à l’avant-Covid concernant les troubles de l’humeur, mais pas concernant les tentatives et idées suicidaires, qui restent à des niveaux toujours très élevés (Santé publique France, EnCLASS 2022).

Ce n’est qu’un exemple — et peut-on associer ce mal-être de la jeunesse uniquement à cette période ? N’est-il pas la conséquence d’une société nouvelle, plus globalement ?


Isolement

Il en résulte, je crois, chez beaucoup, un désir d’isolement résiduel, combiné bien sûr à d’autres facteurs comme le repli derrière les réseaux sociaux ou la montée de la violence dans notre société (Twenge JM, Campbell WK. Associations between screen time and lower psychological well-being among children and adolescents). Là où la vie sociale était partage et échange, elle est devenue repli, égocentrisme et silence.


Le masque

Aujourd’hui, le moindre rhume justifie le port du masque afin de ne pas contaminer autrui. Il y a encore quelques années, celui-ci était réservé aux plus fragiles, aux immunodéprimés ; aujourd’hui, il fait partie de notre quotidien et beaucoup le portent encore sans réel motif que celui de se protéger de l’autre.

Masque protecteur, barrière contre les germes, il est aussi devenu une barrière sociale, protégeant chacun de l’autre — microbiologiquement, socialement et émotionnellement.


Est-ce bien ou mal ? Dans notre société polarisée, il faudrait émettre un jugement sur cette situation. Là n’est pas mon but : chacun sera juge, comme il le souhaite.

Quand le COVID a suspendu nos liens, conséquences psychologiques

Série culture du soin - Un monde sous serre : quand le COVID a suspendu nos liens, conséquences psychologiques. Réflexion sur l’isolement, la peur de l’autre et les conséquences psychologiques laissées par la pandémie.

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